Pierre Bourdieu

(Geb. 1930 in Denguin, gest. 2002 in Paris)

Die ganz eigene Rhetorik Thomas Bernhards, die des Exzesses, der Hyperbel im Anathema, passt gut zu meiner Absicht, eine Art hyperbolischen Zweifel auf den Staat und das Staatsdenken anzuwenden. Man kann nie zu viel zweifeln, wenn es um den Staat geht. Allerdings läuft die literarische Übertreibung stets Gefahr, sich selbst auszulöschen, indem sie sich durch ihren eigenen Exzess entwirklicht. Und doch muss man ernst nehmen, was Thomas Bernhard sagt: Um überhaupt eine Chance zu haben, einen Staat zu denken, der sich noch durch jene denkt, die sich bemühen, ihn zu denken (wie etwa Hegel oder Durkheim), muss man versuchen, alle Vorannahmen und Vorkonstruktionen in Frage zu stellen, die in die Realität, die es zu analysieren gilt, ebenso eingeschrieben sind, wie in das Denken der Analytiker selbst.

Pierre Bourdieu: »Esprits d’Etat«, in: Actes de la recherche en sciences sociales 96-97 (1993), S. 49-62; hier S. 50 (Übers. J. W.).

Zitate im Original

»La rhétorique très particulière de Thomas Bernhard, celle de l’excès, de l’hyperbole dans l’anathème, convient bien à mon intention d’appliquer une sorte de doute hyperbolique à l’Etat et à la pensée d’Etat. On ne doute jamais trop, quand il s’agit de l’Etat. Mais l’exagération littéraire risque toujours de s’anéantir elle-même en se déréalisant par son excès même. Et pourtant, il faut prendre au sérieux ce que dit Thomas Bernhard: pour se donner quelque chance de penser un Etat qui se pense encore à travers ceux qui s’efforcent de le penser (tels Hegel ou Durkheim par exemple), il faut tâcher à mettre en question tous les présupposés et toutes les préconstructions qui sont inscrits dans la réalité qu’il s’agit d’analyser et dans la pensée même des analystes.« (Bourdieu 1993: 50)